16/04/2013
Vincent et moi 39.
J'attend Vincent, j'attend Vincent, j'attend Vincent. Je l'attends chaque jour, je n'en peux plus d'impatience tellement je l'attends. Nous sommes à la mi-juillet et dans une semaine, elle est là. Je suis allé passer une semaine avec mes parents et mes enfants en vacances. Mon père a cru bon d'engueuler ma fille, pour une raison absurde. Je l'ai vue se tasser sur son siège, avec des grosses larmes qui commençaient à couler. Je me suis revu enfant. C'est la première fois que j'engueule mon père, je crois.
Dans cette ambiance un peu lourde, on essaye de recoller les morceaux. Mais j'attend la fin de la semaine avec impatience. Il me restera trois jours ensuite, pour aller chercher Vincent à Orly et là, ce sera le bonheur.
De son côté, depuis qu'elle sait qu'elle vient en France, elle est devenue à moitié folle. Elle a couru acheter une valise immense, qu'elle a trouvé ensuite deux fois trop grande, elle s'est acheté des chaussures, mais elles lui faisaient mal au pieds, alors elle est allée acheter des baskets pour pouvoir arpenter la France entière , elle a consulté tout les guides, fait des listes énormes de choses à voir à Paris, elle a déployé une activité insensée, préparé des petits papiers à ouvrir chaque jour, pour sa fille chérie et puis, depuis la dernière fois qu'on s'est vu, elle a découvert qu'elle avait une hernie, alors elle fait tout ce qu'elle a pu, pour essayer d'avoir un peu moins mal au dos. A vrai dire, je suis assez inquiet de l'état dans lequel elle sera après une nuit d'avion, sur des sièges tellement inconfortables. Mais elle vient, et je l'attend.
Quatre jours avant son arrivée, nous sommes en train de remonter les alignements de Kermario, quand je reçois un SMS: " Est-ce que je peux t'appeler ?" . C'est inhabituel. Elle ne m'appelle jamais, c'est bien trop cher.
"Oui, appelle-moi !". Il n'y a plus ni menhir, ni alignement, il n'y a plus que Vincent dont j'attend un coup de fil, d'un instant à l'autre et mon inquiétude qui grandit
14:09 Publié dans Vincent et moi | Lien permanent | Commentaires (2)
Vincent et moi 38.
Quand tu es français, pour peu que tu aies de quoi payer ton billet d'avion, c'est plutôt simple d'aller dans le pays de Vincent. On ne te demande pas de justifier de quoi que ce soit. Pour l' adresse où tu va loger, sur ta déclaration de douane, tu indiquera juste une adresse e-mail. c'est dire comme on te simplifie la vie. Tu mettrais "Plage de Copacabana" que ça serait pareil. On a besoin des touristes, on fait en sorte de ne pas les gêner
Par contre, si tu viens du pays de Vincent, il te faut oublier toute notion de symétrie. Une femme de son pays, doit répondre au soupçon qu'elle n'est, ni une prostituée, ni une narcotrafiquante, ni même une future clandestine. Dans les derniers feux de la Sarkozie, on déteste ce qui est étranger jusqu'à l'hystérie, à moins que l'étranger soit émir du Quatar, auxquel cas des aménagements sont possibles.
Ce n'etait pas gagné, mais Vincent a eu un congé sans solde pour venir quinze jours, alors ça a été la joie, parceque l'argent du voyage, elle l'avait. Mais après, on a commencé à déchanter. Pour venir, il lui fallait une attestation d'accueil de ma part, faite en mairie - produire un nombre de pièces invraissembables, feuille de paye, impôts, identité, trente euros de timbre fiscal, revenez dans une semaine - mais ça c'etait bien le plus simple. Il lui fallait aussi une somme journalière en liquide très conséquente, pour quelqu'un qui serait nourrie-logée, une assurance à hauteur de 20 000 euros. Tout ça, ça allait encore. Mais le plus compliqué, c'etait qu'il fallait aussi une carte de retrait international, que la banque lui refusait, en raison de son petit salaire. On a bien galéré avec tout ça. A un moment, on a bien pensé que c'etait fichu, jamais elle ne pourrait venir chez moi, le rêve que j'avais nourri de l'accueillir, de lui faire connaitre mon chez-moi, ma ville, ma région, comme elle-même avait fait pour moi, ça s'écroulait. Citoyens du monde, allez vous rhabiller ! ça va quand t'es riche, ces histoires là.
Et puis, finalement ça s'est ouvert. Ses parents sont plutot fortunés, elle a pu obtenir une carte de retrait sur le compte, et on a commencé à faire des projets. Vincent rêvait de Paris, on a loué un petit appartement à Paris, et puis quelque jours chez moi, et ensuite sur un lieu de vacances dans ma région que j'aime tant, et déjà il faudrait penser à repartir. Les douze jours seraient vite passés, mais c'etait le bonheur de l'attendre.
12:19 Publié dans Vincent et moi | Lien permanent | Commentaires (0)

