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17/04/2013

Vincent et moi 40.

Au bout du fil, c'est une toute petite voix.

"Poliana, je suis tombée malade, j'ai un virus, je ne sais pas ce que c'est, je ne sais pas si je vais pouvoir venir".  Elle etait tellement mal, elle est allée aux urgences. Elle trouve la force de plaisanter devant mon inquiétude:" je ne vais pas mourir". Elle n'a pas pris encore sa décision, mais on sent bien que le voyage est mal parti. On se sent abandonnés des dieux. Moi même, j'en ai tellement rêvé de l'avoir enfin chez moi.

Il nous faut annuler ce qu'on peut, se résoudre à l'inévitable. ce ne sera pas pour cette fois ci, Vincent à Paris, Vincent dans ma région. Mi-Aout, je suis là bas. Elle a été tellement déçue, tellement triste, et malade, qu'elle m'en a fait voir de toutes les couleurs. Je ne savais même plus si elle voulait que je vienne, mais qu'importe je suis là. C'est une Vincent, encore très fragile qui m'accueille. Mais nous partons quelques jours dans une ile si belle, si belle. Elle fait 100 m, elle est épuisée, alors on s'adapte. Il y a un jour fabuleux, où on a vu des baleines, où on est allé dans des endroits d'une beauté telle, que je n'avais jamais vu ça de toute ma vie.

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Il me faut repartir. La suite est une sorte de descente aux enfers. Les analyses ne sont pas bonne. Les choses ne reviennent pas à la normale, les médecins ne trouvent rien, mais tout ce qu'il font l'épuisent un peu plus. Elle passe l'automne  entre analyses et médecins. Ils hésitent entre deux diagnostics, de maladies aussi rares l'une que l'autre, et qu'on ne sait pas vraiment soigner.  Elle travaille à grand peine. A Noël,  je voudrais retourner la voir, mais elle ne veut pas. Je ne sais plus quand je la reverrai, c'est torturant.

Il y aurait beaucoup à dire sur la médecine de son pays, sur les grands médecins qui prennent des sommes folles, et qui soignent avec desinvolture. A l'évidence, certains mériteraient des procès. Tout ce qu'ils font ne fait qu'aggraver. Vincent est devenu un champ expérimental, pour médecins irresponsables. Elle ne peut plus travailler tellement elle est fatiguée. Elle ne peut plus lire, elle survit grace à sa mère, qui lui fait ses courses, qui lui paye ses factures. Finalement, ce qu'elle semble avoir, c'est quelque chose dont on ne sait pas comment on sort. On peut vivre avec, mais c'est une maladie si peu reconnue, qu'en France, il est impossible d'avoir un congé maladie avec ça, et on ne sait pas soigner.  Pire, il pèse sur les malades, le soupçon qu'ils ne font aucun effort, qu'ils sont une somme de paresse, et c'est tout. c'est ça, Vincent passe ses journée au lit, ne sort plus, ne va plus  faire son métier qu'elle aime, parcequ'elle s'écoute trop, sans doute ... Sa soeur lui dit: " Bon, il faudrait penser à améliorer un peu, maintenant".

Je suis à 10 000 km, et je ne peux pas grand chose, à part écrire, téléphoner, la distraire comme je peux. Heureusement, Vincent adore rire, alors malgré tout, malgré tout, à chaque fois que je l'appelle, elle eclate de rire pour un rien. Alors le rire de Vincent, c'est toujours un instant de bonheur.

j'ai insisté pour retourner la voir. Pendant des mois, elle a refusé. Il y a eu un petit moment de mieux, j'en ai profité, elle m'a dit: Oui, viens ... je lui ai envoyé des dates possibles, et finalement elle ne voulait plus, ne voulait plus que je l'appelle non plus. Vincent sera toujours Vincent, cette folle imprévisible :).  Mais une semaine après, enfin elle m'a redit: Viens ... je t'attends. ça c'etait il y a juste 15 jours. j'écrivais déjà cette histoire.

Alors j'ai pris un billet d'avion. Nous sommes le 17 avril. Demain soir, je serai là-bas. Elle est si fatiguée, qu'elle ne viendra même pas m'attendre à l'aéroport, mais nous serons ensemble.  Je ne sais pas ce que la vie nous réserve.  Entre 2005 et 2009, il y a eu chaque année des trucs difficiles à encaisser. Et puis quand soudain la vie semblait sourire à nouveau, voilà qu'elle nous refait une saleté de coup dur. Vivre à 10 000 km l'un de l'autre, ce n'etait pas si facile, mais on se débrouillait. Cette fois ci on s'est engagés dans un long combat, contre un ennemi invisible.Nos vies perdent toute visibilité, il vaut mieux ne pas y penser. Je veux juste que Vincent guérisse.

Ce sera mon septième voyage. Près de 7 ans, après le premier mail, d'une folle qui commençait par ces mot: Je t'aime. Si seulement le chiffre 7 pouvait porter un peu bonheur.

L'histoire de Vincent et moi, ne s'arrête pas, même si elle a pris un tour douloureux. Il faut garder l'espoir.

J'arrête d' écrire. J'ai mon sac à faire :)

Commentaires

bon voyage. respire, hume, touche, palpe et reviens plein de ces choses là, qui ne seront qu'à toi et elle, qu'à vous pour toujours, partout en toi, dedans et dehors...

Écrit par : calouan | 17/04/2013

Beau voyage et belles amours...
Je t'envie de pouvoir partir comme ça...

Écrit par : Rosa | 25/04/2013

Les commentaires sont fermés.