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31/03/2013

Où sont-elles, où sont elles ?

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Vincent et moi 26.

 Quand je suis sorti de la zone voyageur, j'ai cherché du regard, une jeune femme qui ressemblerait aux photos... Et soudain, une silhouette qui se détache, un cri de joie, des longs cheveux presque noir, elle a un tee-shirt noir, un jean, et ... bon dieu, qu'elle est jolie ! encore plus que sur les photos, et elle me saute dans les bras.

On est resté longtemps comme ça , sans oser y croire, enfouis dans le cou l'un de l'autre. On devait faire une jolie scène d'aéroport.Quand on s'écrit depuis tant d'années, sans savoir vraiment qui est l'autre, il y a une sorte d'intimité factice qui se crée. On ne sait pas si nos corps vont se reconnaitre, s'ils devront s'apprivoiser, si les choses seront simples ou pas, ou si l'on devra s'approcher doucement ou peut-etre ne pas le faire. Quand j'avais téléphoné à Vincent, quelques heures auparavent, je mesurais à quelle point, elle m'etait encore étrangère, malgré les milliers de mails, et maintenant je tenais mon étrangère dans les bras, et c'etait juste une évidence. 

Enfin, j'ai ramassé mon sac, et je lui ai pris la main pour aller au parking, et c'est seulement à ce moment que j'ai gouté ses lèvres, très légèrement. Il s'en etait passé du temps, depuis le 1er mail de Juin 2006.

30/03/2013

L'attente de la vague

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Vincent et moi 25.

Il s'en etait passé des choses  entre Juin 2009 à Février 2010, où je débarquais en Amérique latine. En Juillet la mère de mes enfants m' avait déclaré avoir rencontré quelqu'un d'autre. je n' avais pas été surpris, mais inquiet pour elle. L 'homme qu'elle me décrivait etait psychotique, et pour batir des chateaux en espagne, c'etait bien, mais le quotidien etait autre chose. Il m'a fallu me résoudre à voir se disloquer ma petite famille et c'etait ça qui etait horrible. Mais j'etais si épuisé que je l'ai laissée partir. Nous avons passé les vacances d'été ensemble, parceque nous le devions aux enfants, mais c'etait un truc affreux de partir tous ensemble en vacance, sachant qu'à la rentrée, on se séparerait.

Quand j'ai été vraiment sûr de son choix, j'ai écris à Vincent, qui ne m'écrivait plus, que j'avais déjà quasiment perdu, que je me séparais, et que je voulais savoir si cela changeait quelque chose pour elle. De son côté, la mère de mes enfants découvrait le monde des psychotiques, et commençait à comprendre le guêpier dans lequel elle s'etait fourrée. Mais quand elle a parlé de faire machine arrière, j'ai tenu bon. J'avais déjà écrit à Vincent, que cette fois j'etais libre, que je voulais la voir. Mais ça a été une des chose horribles de cet été là, de dire à quelqu'un dont j'avais pris soin pendant 20 ans, que nous devions tourner la page de notre histoire. J'avais toujours veillé sur elle, et je la voyais soudain, petite chose pathétique, perdue dans le quotidien, recroquevillé sur sa chaise et je lui disais que oui, c'etait fini. Mais elle avait fait le 1er pas. Il fallait finir le travail. Nous avons organisé la séparation, et c'est une des choses les plus tristes que j'ai eu à faire de ma vie. Mais la pensée de Vincent me soutenait.

29/03/2013

Vincent et moi 24.


Quand le voyage est trop long, on finit par n'être plus qu'un voyageur. On ne sait plus où on est, ni même vraiment qui on est.  Quand j'ai posé le pied sur le continent latino, j'ai été saisi par la moiteur des lieux. J'etais dans une immense mégalopole sud-américaine, à 10 000 km de chez moi, et je ne savais même pas qui j'allais voir. J'etais juste un français perdu dans un monde que je ne connais pas, mais j'avais les yeux grand ouverts. L'avion sur le dos duquel je lisais: aerolinas argentinas me semblait le comble de l'exotisme.

Je suis arrivé à l'aéroport de sa ville, après 24 heures de voyage, sale et fatigué, avec la peur d'être déçu et la peur de la décevoir, encore plus grande. J'avais pris soin de lui envoyer mes pires photos,. Les dernieres heures dans l'avion, ont été à la fois passionnantes  et horribles, entre impatience et inquiétude. Je regardais le paysage de ce monde inconnu qui se déroulait sous mes yeux. On longeait la côte atlantique, et là, en dessous, c'etait le lieu de mes lectures depuis tant d'années. 

Quand sa ville a enfin été annoncée, j'ai été submergé par l'émotion. Des années que nous nous écrivions et dans quelques minutes, nous serions ensemble. Voilà c'est la premiere image, de sa ville, vue de l'avion. Elle semble sans attrait, mais tout reste à découvrir

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Par chance, mon bagage est arrivé très vite sur le tapis roulant. Je l'ai pris vite, vite, et je suis sorti de la zone voyageur, le coeur battant. Quand je suis sorti de la zone voyageur, j'ai cherché du regard, une jeune femme qui ressemblerait aux photos... 

Joli Bronzage

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28/03/2013

Vincent et moi 23.

J'ai débarqué sur le continent latino-américain, le 14 Février 2010, jour de la St-Valentin. Ce n'etait pas calculé, car je n'en ai jamais rien eu à faire de la St-Valentin. A l'escale, j'ai manqué le dernier avion, qui devait me conduire dans la ville de Vincent, où elle m'attendait. ça a été toute une galère pour changer le billet, puis trouver un moyen de lui téléphoner, dans un pays dont je ne parlais pas la langue. Quand enfin, j'y suis parvenu, elle etait déjà à l'aéroport en train de m'attendre. Lui parler au téléphone a été un choc. Cela faisait presque 4 ans qu'on s'écrivait, je venais de traverser l'atlantique, de faire des milliers de kilomètres, et c'etait la 1ere fois que je lui parlais. Je suis tombé sur une petite voix inconnue, plaintive, déçue ...c'est là que je me suis rendu compte que j'allais voir une parfaite inconnue, que celle que j'allais rencontrer n'avait que peu à voir avec l'image que je m'etais forgé. Si ça se trouve, une semaine avec elle, serait fort long, nous n'allions même pas nous reconnaitre. j'etais déjà un peu déçu d'avance.

Urbaine

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27/03/2013

Vincent et moi 22.

A la maison, on ne peut pas dire que ce soit très extraordinaire, non plus. "on" m'a donné un ultimatum, pour que je refasse la salle de bain, sans quoi "on" me quitterait ! Je n'ai pas vraiment mon mot à dire. Et ce boulot urgent et important pour moi,  dans ma vie professionnelle et que je dois finir avant l'été... n'est pas un argument ! Conscient que l'ultimatum n'a pas été prononcé pour rire, même si ça prête à rire, je m'exécute et passe deux week-end à bosser comme un fou dans la salle de bain. Drôle de façon de sauver son couple, mais on ne m'a pas laissé le choix des armes. Mes armes, c'est la ponceuse et le pinceau.  La vérité est que je suis epuisé et que les mots de Vincent, en ce mois de Juin 2009 commencent à me manquer horriblement. Et que je sais que je la perd à ce moment là.

La Brousse

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26/03/2013

Têtes à vendre

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Vincent et moi 21.

En Mai, tout se détraque. Soudain la lassitude d'une situation qui n'évolue pas se fait sentir. Des scènes de jalousie, elle m'en a fait plus d'une, parfois ses mots me quittaient deux semaines, un mois, je m'etais habitué à la voir aller et venir, à m'écrire des choses folles, et puis les mots reprenaient. Alors dans ces periodes là, j'avais pris l'habitude d'attendre son retour. Mais là, soudain c'est différent. Elle m'a écrit juste un ou deux mails si tristes, si découragés. je sens qu'elle est décidée à tourner la page. Il y a trois ans que l'on s'ecrit et je la regarde s'eloigner avec une infinie tristesse. Durant tout le mois de Juin, elle ne m'écrit presque pas.
Je n'ai rien à lui offrir d'autre que mes mots. En trois ans, je me suis tellement attaché à sa personnalité et à ses mots. Chaque matin, je suis heureux de les découvrir. Mais je ne suis pas assez inconscient pour foutre en l'air ma petite famille, pour une inconnue à l'autre bout du monde, aussi douloureux que soit l'éloignement qu'elle nous impose. A ce moment, je comprends que je lui fais plus de mal que de bien, alors je regarde partir Vincent, le coeur serré.

25/03/2013

... ni éléphant.

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24/03/2013

Vincent et moi 20.

Vraiment, l'année 2008 est à jeter. Mais il y a Vincent, douce et sensible quand elle n'est pas folle jalouse. Vincent qui supporte difficilement tout ça, qui me dit que le temps passe, et rien ne se passe. Fin 2008, cela fait 2 ans et demi qu'on s'écrit.
De son coté, Vincent n'est pas epargnée A la fin de l'année 2008, elle a appris la mort de son premier amour. Il etait gay. La dernière fois qu'elle l'avait vu, il y a longtemps, il etait déjà séropositif. J'essaye aussi de trouver les mots pour qu'elle encaisse cette tristesse.
Après une année 2008 aussi catastophique, on se dit que l'année 2009 ne pourra qu'être meilleure. Mais le diable a plus d'un tour dans son sac.
Les premiers mois de 2009, nous continuons nos long échanges. Il semble qu'on ne pourra jamais arrêter de s'écrire, tellement un mail en appelle un autre. Je suis allé à Paris, et je me suis rendu à l'endroit où elle a habité au tout début des années 2000. Je lui ramène des photos du lieu. J'essaye d'imaginer une jeune femme brune se promenant dans cette rue, avec une petite fille.

Les fenêtres nous guettent

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23/03/2013

Et mon frère Corbeau

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Vincent et moi 19.

Mais disais-je, c'est une année horrible. Au printemps, on a detecté un cancer à mon père. Assez tôt, par chance. L'été se passe, mes parents sont inquiets pour mon petit frère. Avec la mère de mes enfants, je sens qu'un truc pas très clair se passe avec un de ses collègues, je m'en fiche un peu. D'une certaine façon, cela me déculpabilise de ma relation avec Vincent. Tout ceci n'est pas très reluisant, mais que faire.
Fin septembre, je reçois un coup de téléphone. c'est la même heure que pour C., la même voix blanche et ravagée qui m'avait annoncé sa mort.

Mon frère à 37 ans, a décidé que sa vie n'etait plus supportable. Il faudrait des pages pour raconter le calvaire qu'à été la vie de mon frère. Pour l'heure, il en a fini de ses souffrances intolérables
Il y a deux personnes a qui je dois absolument le dire, ce sont les seules qui peuvent me consoler un peu: Vincent dont je vais attendre la réponse pendant des heures à cause du décalage horaire et qui sait toujours trouver les mots, et ma belle V., qui vit avec cette putain de sclérose en plaque, qui connaissait et aimait mon frère. Elle trouvera aussi des mots très beaux pour parler de mon frère.

22/03/2013

Vincent et moi 18.

De 2005 à 2009 ont été des années horribles. S'il n'y avait eu le rayon de soleil de Vincent.
L'année 2008 a été une année particulièrement difficile. Avec Vincent, on s'écrit toujours. Il n'y a rien qui puisse faire que l'on arrête de s'écrire, et la tendresse est toujours présente, sauf quand cette folle tombe dans un puits de jalousie. Je ne sais pas qui est Vincent, si elle est cette folle jalouse ou cette amie, si particulière dont je ne peux me passer.

L'année a mal commencé pour nous. Quand je lui ai dit que j'emmenais ma petite famille en Grèce, elle a été furieuse, elle a cessé de m'écrire pendant près de deux mois. Je sais qu'elle souffre de la situation. Le temps passe et il n'y a pas d'issue. Je ne veux pas lui donner d'espoir. Je ne quitterai jamais la mère de mes enfants. Je ne veux pas détruire ma petite famille, quoi qu'il m'en coûte.

En Grèce, ça s'est très mal passé. J'adore la Grèce, j'avais passé beaucoup de temps à organiser ce voyage. Nous etions dans un endroit merveilleux et je n'ai eu que des reproches. C'est malheureusement un peu toujours comme ça. J'en fais un maximum, ce n'est jamais assez, je me heurte toujours à une insatisfaction constitutive ... Elle a ses raisons, ses excuses. c'est pourquoi je tiens bon. Au retour de Grèce, elle parle de me quitter. J'ai mes enfants, je vis pour qu'ils soient bien. Je dis: c'est toi qui vois. Bien sûr, je pense à Vincent ... mais je ne dis rien. Je dis juste à Vincent, avec qui la correspondance à repris, que ce n'etait pas si bien que ça en Grèce. Avec elle, les mots reprennent toujours.

A visiter

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21/03/2013

Vincent et moi 17.

Un jour elle a évoqué la possibilité qu'elle vienne un jour à Paris, si on pourrait se voir, ce qu'on ferait. Je n'ai pas su quoi lui répondre, que lui promettre. Je n'aime pas la duplicité, même si mes mots s'inscrivent déjà dans une duplicité evidente. Mais après, la comédie du mec marié, qui invente de gros mensonges, pour aller roucouler avec une beauté latino, pendant quelques instants volés, ne me plait guère. Alors je n'ai pas su quoi lui répondre, et elle en a été meurtrie. Elle croit comprendre que notre histoire n'est qu'un rêve et je ne sais quoi lui dire, parceque d'un certain sens, c'est vrai ...

Alors par instant, elle s'éloigne. Elle disparait de ma boite mail, pendant un moment. 15 jours, 3 semaine, 1 mois. ça me désespère, parceque j'ai besoin de ses mots. Et puis elle revient, et les mots reprennent, et avec ses mots, une forme de bonheur.

Mais les crises de jalousies, en relation avec mon blog deviennent si pénibles , qu'un jour je comprend que je dois choisir entre le blog et Vincent. Je choisis Vincent. Ce n'est pas de gaité de coeur que je laisse tomber ce blog qui m'a tant apporté, mais ça fait 1 an et demi qu'on s'écrit, je ne peux pas la laisser partir. Je trouve une autre façon d'être proche d'elle, en commençant un blog de photo. Désormais, je posterai des photos tous les jours, des endroits que je visite, des choses que je vois et les commentaires que l'on en fait deviendra un de nos modes de communication favoris.

A marée basse

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20/03/2013

Vincent et moi 16.

ça fait maintenant 1 an qu'on s'écrit avec Vincent. Notre correspondance ne faiblit pas. On continue à s'écrire sur tout, sur nos livres préférés, sur nos vies, on s'empare d'un sujet, on le lâche on le reprend. Rien ne vient jamais tarir le flot de nos mots. Sauf une chose...
Vincent est jalouse.
Elle a grandi dans un pays corseté par la dictature et a trouvé un espace de liberté dans les milieux alternatifs, composé d'artistes, de peintres, d'écrivains, de gens de théatre, qui revendiquaient une grande liberté sexuelle. Et curieusement, cette liberté sexuelle qu'ils ont vécu et partagé a produit un effet inverse de celui qu'ils escomptaient, à savoir que dans bien des cas, ils sont devenu extrèmement jaloux.

Donc Vincent est jalouse. Elle jalouse les femmes qui viennent laisser des commentaires sur mon blog. Et elle ne supporte pas quand je disparais le week-end, et que je ne peux pas lui écrire.
Elle m'écrit le désir, mais me dit qu'elle ne supporte pas le désir qu'elle éprouve pour moi. A l'insouciance du début, et le bonheur de la découverte, se mêle donc des choses douloureuses.

19/03/2013

Vincent et moi 15.

Avec Vincent, il faut dire " baiser ". Pour elle, " faire l'amour "  est juste ridicule. Elle ne comprend pas non plus que l'on puisse dire ami, pour une relation amoureuse et pour une relation amicale. Et puis, le même mot pour un autre avec qui tu peux baiser 3 fois par semaine mais qui le soir ne te fais pas fermer les yeux avant de dormir et sourire juste au souvenir de son prénom! Je ne sais pas comment la langue française peut faire ça!!!! On confond tout!! Et puis, le verbe "aimer"!!!! On aime le chocolat, comment cela est-t-il possible!!!!


Alors avec Vincent, je n'emploierai plus jamais que le mot "baiser". Ce dont elle me parle, à moi, pauvre français à des milliers de kilomètres, c'est de sentiments et de désirs. Je ne sais pas ce qu'elle fait de son corps, quand elle rencontre des hommes qui l'attirent physiquement et cela ne me regarde pas. Un jour, longtemps après, je finirai pas avoir l'intégralité de son CV amoureux ( sauf ceux dont elle a même oublié le nom !) et je serai assez impressionné de sa prodigalité.


Alors, je sais qu'avec Vincent, l'amour n'est pas que platonique. Elle me dit aussi qu'elle se caresse en pensant à moi, sans fausse pudeur.

15/03/2013

Vincent et moi 14.

Quand on noue une relation à des milliers de kilomètres de distance, on peut légitimement se demander, si notre correspondante n'est pas en recherche d'une relation d'ordre platonique, ou si du moins, elle n'est pas plus interessée par une relation d'ordre intellectuel ou fantasmatique, que physique.
Avec Vincent, nous parlons de tout. Alors evidemment un jour, le sujet du sexe  vient sur le tapis. Vincent me déroule une nomenclature impressionnante des relations sexuelles et amoureuses dans son pays. On la croirait en expédition ethnographique, et c'est toujours ecrit dans son style inimitable. Elle me décline plusieurs variantes latino des sexfriends, assez drôles, et qu'elle a visiblement toutes expérimentée. Elle me fournit tout le lexique des relations amoureuses dans son pays. Elle est loin d'être prude, et un jour elle me confie qu'elle ne connait rien de meilleur pour la santé
qu'une bonne baise. Elle dit: Il y a des hommes qui m'attirent physiquement, par exemple. Alors, tout est facile. Je suis libre, s'ils le sont aussi, on fait ce que l'on a envie et les choses prennent une route ou pas selon les affinités que l'on partage.

12/03/2013

Vincent et moi 13.


Quand je commence à lire la lettre de V., il y a un truc qui se fissure à l'intérieur de moi. Ma V., si belle, m'apprend qu'elle a une sclérose en plaque, sa lettre est horriblement douloureuse. Après la mort de C. à 38 ans l'année précédente, voilà qu'un dieu cruel et vengeur a décidé de s'attaquer à la seconde personne de mes 20 ans, que j'aimais le plus.
J'envoie un mail désespéré à Vincent. C'est elle qui a eu les mots pour m'apaiser un peu. C'est aussi, elle, avec sa présence, son amitié lumineuse et sa tendresse quotidienne qui m'ont permis de croire que la vie ne faisait pas que reprendre, mais qu'elle continuait à donner aussi. A partir de là, je l'ai aimée de plus en plus.
Et pourtant, nous sommes à des milliers de kilomètres, et nous ne faisons qu'imaginer l'autre. Elle m'écrit:
Je te disais que je ne voulais pas que tu m'imagines mieux que je suis... et c'est vrai...c'est un sentiment drôle...peut-être nous ne nous verrons jamais, je n'aime pas penser à ça, mais c'est très possible. Mais c'est possible aussi qu'un jour on se rencontre...

11/03/2013

Vincent et moi 12.

Je suis allé dans l' ile, pour mon travail. Cette ile là, c'etait toute mon enfance et mon adolescence. C'est là, que j'y avais fait la connaissance de V. Retourner dans l'ile, plus de 15 ans après avoir embrassé V. pour la dernière fois, c'etait si émouvant. Quiconque n'a pas connu V., seins nus sur une plage ne sait pas ce que c'est que la beauté. Je suis dans l'ile, j'envoie la première lettre de ma vie, à Vincent, dans son amérique lointaine. Et j'envoie une lettre à V., en lui disant: je suis revenu dans notre ile.
Une semaine plus tard, rentré chez moi, j'ai une lettre de V.

V., ça avait été une belle histoire. La preuve en est que 20 ans après, on s'écrivait toujours. Irrégulièrement, nous avions nos vies, mais on ne s'etait jamais perdus. Lorsque je reçois la lettre de V., je suis très joyeux, tellement heureux d'avoir de ses nouvelles, et puis je reviens de l'ile, où nous nous sommes roulés dans le sable et bien plus.

10/03/2013

Vincent et moi 11.

Vincent sort du monde virtuel. Elle m'a demandé une adresse, et j'ai reçu environ 3 semaines après un petit colis qui lui ressemble, avec des CD, une petite figurine en bois faite par les indiens, achetée au coin de sa rue, des pages manuscriptes d'une écriture très belle, une photo ancienne d'une enfant sang-mélée dans une maison bourgeoise, en noir et blanc et cette enfant c'est elle, bien sûr. Et surtout une petit boite en bois sculptée. Lorsque je l'ouvre, son parfum m'envahit. Je ne connais pas Vincent, mais je connais déjà son parfum. C'est la première irruption de mon inconnue,hors des limbes.
J'etais réticent à nouer autre chose que cette amitié si vive que l'on éprouvait depuis plusieurs mois d'une correspondance folle. Mais son charme, sa gentillesse, et son enthousiasme de petite fille, ont vite su apprivoiser mes résistances. Il y avait à l'autre bout d'une monde, une indienne ravissante, qui m'offrait son coeur, et je n'avais déjà plus envie de la décevoir. Alors à nos mails brassant un nombre de sujets fous, se sont ajouté des mails qui parlaient de choses douces.

08/03/2013

Vincent et moi 10.

Quelle est la différence entre l'amour et l'amitié ? C'est la question que je me posais en recevant le mail de Vincent.
Si l'on en croit Tachan, entre l'amour et l'amitié, il n'y a qu'un lit de différence. En conséquence, si un matin, vous recevez un drôle de petit mail, qui après mille détours et hésitations, finit par dire que je pense que tu n'as rien à voir avec tout ça, même si tu as, mais de façon détournée, ou plutôt involontaire, qu'à part le fait que tout ça n'a pas la plus mince existence réelle, tu vis ta vie, je vis la mienne, on s'écrit, oui, ça c'est la partie réelle, mais à part ça, et du coup, à cause de ça, je me dis que je ne peux pas continuer à t'écrire et ignorer que tes mots commencent à produire chez moi quelque chose qui me trouble, qui m'agite, qui est précis et imprécis, qui me fait t'écrire et effacer, qui je sais est déplacé et inconvenant.
Alors, ce trouble dont parle Vincent, qui est à l'autre bout du monde, je fais quoi avec ? puisque de toute façon, ce n'est pas un lit qu'il y a entre nous, c'est un océan, des milliers de km. Que veut dire ce trouble entre deux personnes qui ne se verront jamais et qui ne peuvent que s'imaginer. Il m'est arrivé de franchir la frontière du virtuel au réel, et je sais à quel point il y a loin de la coupe aux lèvres.
ça fait 3 mois et demi, qu'on s'ecrit sans cesse, au point que ses mots me sont devenus indispensables. Pour ne pas les perdre, je lui dit que je ressens le même trouble. J'ajoute tout bas .... mais, Vincent, tu sais que je ne suis pas libre, n'est-ce-pas ?

07/03/2013

Vincent et moi 9.

On passe d'un sujet à l'autre. On parle de tout, tout est discutable, nuançable. Au bout d'un moment, on a tellement de sujets en court qu'on en abandonne, on les reprend plus tard. Je lui envoie des poèmes de Cadou, elle me répond:

Quels jolis cadeaux tu m'offres!!!! Je suis émue et je me demande comment je pourrais te remercier tout ça... La fleur des champs la plus jolie et la plus simple je t'offrirais si je pourrais... Le parfum le plus léger, le chant de l'oiseau le plus délicat, la caresse de la brise et la vue de mon ciel d'enfance, dans la pampa, les nuits sans lune, pleines de satélites et des météores.
Mon ami, rare et précieux. Merci.

Deux mois qu'on s'écrit et elle a cherché un livre pour moi, qui pourrait me raconter son pays. Mais rien ne lui convenait.
Sinon, elle me bombarde de questions, de conseils à l'impératif, drôles et me dit que je suis son enfer astral et qu'elle en est très contente. Elle intervient parcimonieusement sur mon blog, en signant de noms aussi bizarres que pygmée poilu.

06/03/2013

Vincent et moi 8.


Il est impossible de raconter la prose de Vincent. c'est un fleuve, une profusion. Quand elle lâche les chevaux, alors on ne sait pas où ils s'arrêteront. J'ai toujours aimé écrire, mais Vincent est la folie épistolaire incarnée. On va du grave, à l'exclamatif, parfois ses mails semblent écrits dans la plus pure frénésie, mais alors il faut reconnaitre que déjà sa voix est unique, pour moi. Tous les autres mails que je reçois sont fades, à côté de ceux de Vincent. Et en dépit des hispanismes et autre curiosités lexicales, elle ecrit remarquablement. Elle est folle, drôle et excessive et passe du rire au larme, se déclare cyclothimique et elle l'est assurément.
Deux mois qu'on s'écrit, entrecoupés de mes vacances - elle savait qu'après les vacances, je ne voudrais plus lui écrire ! ne me demandez pas pourquoi, mais ça aussi c'est Vincent, tellement peu sûre d'elle, qu'elle scrute tous les signes d'un abandon prochain, qu'elle blémit au moindre mail un peu trop court. Je la rassure, je lui dis qu'on est parti pour une longue amitié. Je ne suis pas devin, mais de ça, au bout de deux mois je suis déjà sûr. C'est drôle de relire ces mots, toutes ces années après.