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29/04/2013

Quelques photos au retour

17/04/2013

Vincent et moi 40.

Au bout du fil, c'est une toute petite voix.

"Poliana, je suis tombée malade, j'ai un virus, je ne sais pas ce que c'est, je ne sais pas si je vais pouvoir venir".  Elle etait tellement mal, elle est allée aux urgences. Elle trouve la force de plaisanter devant mon inquiétude:" je ne vais pas mourir". Elle n'a pas pris encore sa décision, mais on sent bien que le voyage est mal parti. On se sent abandonnés des dieux. Moi même, j'en ai tellement rêvé de l'avoir enfin chez moi.

Il nous faut annuler ce qu'on peut, se résoudre à l'inévitable. ce ne sera pas pour cette fois ci, Vincent à Paris, Vincent dans ma région. Mi-Aout, je suis là bas. Elle a été tellement déçue, tellement triste, et malade, qu'elle m'en a fait voir de toutes les couleurs. Je ne savais même plus si elle voulait que je vienne, mais qu'importe je suis là. C'est une Vincent, encore très fragile qui m'accueille. Mais nous partons quelques jours dans une ile si belle, si belle. Elle fait 100 m, elle est épuisée, alors on s'adapte. Il y a un jour fabuleux, où on a vu des baleines, où on est allé dans des endroits d'une beauté telle, que je n'avais jamais vu ça de toute ma vie.

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Il me faut repartir. La suite est une sorte de descente aux enfers. Les analyses ne sont pas bonne. Les choses ne reviennent pas à la normale, les médecins ne trouvent rien, mais tout ce qu'il font l'épuisent un peu plus. Elle passe l'automne  entre analyses et médecins. Ils hésitent entre deux diagnostics, de maladies aussi rares l'une que l'autre, et qu'on ne sait pas vraiment soigner.  Elle travaille à grand peine. A Noël,  je voudrais retourner la voir, mais elle ne veut pas. Je ne sais plus quand je la reverrai, c'est torturant.

Il y aurait beaucoup à dire sur la médecine de son pays, sur les grands médecins qui prennent des sommes folles, et qui soignent avec desinvolture. A l'évidence, certains mériteraient des procès. Tout ce qu'ils font ne fait qu'aggraver. Vincent est devenu un champ expérimental, pour médecins irresponsables. Elle ne peut plus travailler tellement elle est fatiguée. Elle ne peut plus lire, elle survit grace à sa mère, qui lui fait ses courses, qui lui paye ses factures. Finalement, ce qu'elle semble avoir, c'est quelque chose dont on ne sait pas comment on sort. On peut vivre avec, mais c'est une maladie si peu reconnue, qu'en France, il est impossible d'avoir un congé maladie avec ça, et on ne sait pas soigner.  Pire, il pèse sur les malades, le soupçon qu'ils ne font aucun effort, qu'ils sont une somme de paresse, et c'est tout. c'est ça, Vincent passe ses journée au lit, ne sort plus, ne va plus  faire son métier qu'elle aime, parcequ'elle s'écoute trop, sans doute ... Sa soeur lui dit: " Bon, il faudrait penser à améliorer un peu, maintenant".

Je suis à 10 000 km, et je ne peux pas grand chose, à part écrire, téléphoner, la distraire comme je peux. Heureusement, Vincent adore rire, alors malgré tout, malgré tout, à chaque fois que je l'appelle, elle eclate de rire pour un rien. Alors le rire de Vincent, c'est toujours un instant de bonheur.

j'ai insisté pour retourner la voir. Pendant des mois, elle a refusé. Il y a eu un petit moment de mieux, j'en ai profité, elle m'a dit: Oui, viens ... je lui ai envoyé des dates possibles, et finalement elle ne voulait plus, ne voulait plus que je l'appelle non plus. Vincent sera toujours Vincent, cette folle imprévisible :).  Mais une semaine après, enfin elle m'a redit: Viens ... je t'attends. ça c'etait il y a juste 15 jours. j'écrivais déjà cette histoire.

Alors j'ai pris un billet d'avion. Nous sommes le 17 avril. Demain soir, je serai là-bas. Elle est si fatiguée, qu'elle ne viendra même pas m'attendre à l'aéroport, mais nous serons ensemble.  Je ne sais pas ce que la vie nous réserve.  Entre 2005 et 2009, il y a eu chaque année des trucs difficiles à encaisser. Et puis quand soudain la vie semblait sourire à nouveau, voilà qu'elle nous refait une saleté de coup dur. Vivre à 10 000 km l'un de l'autre, ce n'etait pas si facile, mais on se débrouillait. Cette fois ci on s'est engagés dans un long combat, contre un ennemi invisible.Nos vies perdent toute visibilité, il vaut mieux ne pas y penser. Je veux juste que Vincent guérisse.

Ce sera mon septième voyage. Près de 7 ans, après le premier mail, d'une folle qui commençait par ces mot: Je t'aime. Si seulement le chiffre 7 pouvait porter un peu bonheur.

L'histoire de Vincent et moi, ne s'arrête pas, même si elle a pris un tour douloureux. Il faut garder l'espoir.

J'arrête d' écrire. J'ai mon sac à faire :)

16/04/2013

Vincent et moi 39.

J'attend Vincent, j'attend Vincent, j'attend Vincent. Je l'attends chaque jour, je n'en peux plus d'impatience tellement je l'attends. Nous sommes à la mi-juillet et dans une semaine, elle est là. Je suis allé passer une semaine avec mes parents et mes enfants en vacances. Mon père a cru bon d'engueuler ma fille, pour une raison absurde. Je l'ai vue se tasser sur son siège, avec des grosses larmes qui commençaient à couler. Je me suis revu enfant. C'est la première fois que j'engueule mon père, je crois.

Dans cette ambiance un peu lourde, on essaye de recoller les morceaux. Mais j'attend la fin de la semaine avec impatience. Il me restera trois jours ensuite, pour aller chercher Vincent à Orly et là, ce sera le bonheur.

De son côté, depuis qu'elle sait qu'elle vient en France, elle est devenue à moitié folle. Elle a couru acheter une valise immense, qu'elle a trouvé ensuite deux fois trop grande, elle s'est acheté des chaussures, mais elles lui faisaient mal au pieds, alors elle est allée acheter des  baskets pour pouvoir arpenter la France entière , elle a consulté tout les guides, fait des listes énormes de choses à voir à Paris, elle a déployé une activité insensée, préparé des petits papiers à ouvrir chaque jour, pour sa fille chérie et puis, depuis la dernière fois qu'on s'est vu, elle a découvert qu'elle avait une hernie, alors elle fait tout ce qu'elle a pu, pour essayer d'avoir un peu moins mal au dos. A vrai dire, je suis assez  inquiet de l'état dans lequel elle sera après une nuit d'avion, sur des sièges tellement inconfortables. Mais elle vient, et je l'attend.

Quatre jours avant son arrivée, nous sommes en train de remonter les alignements de Kermario, quand je reçois un SMS: " Est-ce que je peux t'appeler ?" . C'est inhabituel. Elle ne m'appelle jamais, c'est bien trop cher.

"Oui, appelle-moi !". Il n'y a plus ni menhir, ni alignement, il n'y a plus que Vincent dont j'attend un coup de fil, d'un instant à l'autre et mon inquiétude qui grandit

Vincent et moi 38.

Quand tu es français, pour peu que tu aies de quoi payer ton billet d'avion, c'est plutôt simple d'aller dans le pays de Vincent. On ne te demande pas de justifier de quoi que ce soit. Pour l' adresse où tu va loger,  sur ta déclaration de douane, tu indiquera juste une adresse e-mail. c'est dire comme on te simplifie la vie. Tu mettrais "Plage de Copacabana" que ça serait pareil. On a besoin des touristes, on fait en sorte de ne pas les gêner

Par contre, si tu viens du pays de Vincent, il te faut oublier toute notion de symétrie. Une femme de son pays,  doit répondre au soupçon qu'elle n'est, ni une prostituée,  ni une narcotrafiquante, ni même une future clandestine. Dans les derniers feux de la Sarkozie, on déteste ce qui est étranger jusqu'à l'hystérie, à moins que l'étranger soit émir du Quatar, auxquel cas des aménagements sont possibles.

Ce n'etait pas gagné, mais Vincent a eu un congé sans solde pour venir quinze jours, alors ça a été la joie, parceque l'argent du voyage, elle l'avait. Mais après, on a commencé à déchanter. Pour venir, il lui fallait une attestation d'accueil de ma part, faite en mairie - produire un nombre de pièces invraissembables, feuille de paye, impôts, identité, trente euros de timbre fiscal, revenez dans une semaine - mais ça c'etait bien  le plus simple. Il lui fallait aussi une somme journalière en liquide très conséquente, pour quelqu'un qui serait nourrie-logée, une assurance à hauteur de 20 000 euros. Tout ça, ça allait encore. Mais le plus compliqué, c'etait qu'il fallait aussi une carte de retrait international, que la banque lui refusait, en raison de son petit salaire. On a bien galéré avec tout ça. A un moment, on a bien pensé que c'etait fichu, jamais elle ne pourrait venir chez moi, le rêve que j'avais nourri de l'accueillir, de lui faire connaitre mon chez-moi, ma ville, ma région, comme elle-même avait fait pour moi, ça s'écroulait. Citoyens du monde, allez vous rhabiller ! ça va quand t'es riche, ces histoires là.

Et puis, finalement ça s'est ouvert. Ses parents sont plutot fortunés, elle a pu obtenir une carte de retrait sur le compte, et on a commencé à faire des projets. Vincent rêvait de Paris, on a loué un petit appartement à Paris, et puis quelque jours chez moi, et ensuite sur un lieu de vacances dans ma région que j'aime tant, et déjà il faudrait penser à repartir. Les douze jours seraient vite passés, mais c'etait le bonheur de l'attendre.

15/04/2013

Vincent et moi 37.

Sur les premières photos que j'ai, mes enfants sont assis côte à côte dans l'avion. Nous survolons déjà l' amérique latine. Si une nuit dans l'avion a émoussé un peu leur fraicheur, ils sont terriblement joyeux et ravis d'être là. C'est un rêve pour eux de venir, et un bonheur pour moi de les emmener voir Vincent.

Ils l'ont vu, avant moi. "Elle est là-bas,non ?". Après ça a juste été 10 jours d'un bonheur absolu. On avait loué une petite maison, sur une plage sauvage. Elle etait entourée de champs ou paissaient des zébus affectueux.  

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Avec Vincent et mes enfants, l'adoption, l'affection mutuelle a été immédiate. Mais ça ne m'inquiétait pas.

L'endroit est une beauté, environnée d'oiseaux extraordinaires.   Je passerais des heures à observer les fragata, les alma de gato et à guetter l'arrivée des zébus.

Je crois que dans ma vie, j'ai rarement passé des moments d'une telle allégresse. Nous sommes au mois de Février 2012. Je suis avec mes enfants dans un monde où tout les ravis, où ils semblent très heureux et joyeux et il y a Vincent.

Je n'ai jamais trouvé plus difficile de rentrer que cette fois là. Les autres fois, il y avait toujours le bonheur de retrouver mes enfants, mais cette fois, ils sont là - j'esperais qu'ils aiment le voyage, et ils sont heureux au delà toute espérance . Donc repartir est d'autant plus difficile, s'il n'y avait pas la promesse de Vincent. Elle veut venir en France. Si elle arrive à convaincre son employeur, ce pourrait être en Juillet. L'année 2012 promet d'être heureuse. Je l'espère déjà en France, mais rien n'est joué. A mon retour, elle me dit comme tout est vide, comme elle a aimé mes enfants. Elle me dit: " Tu ne sais pas comme tu as des enfants si spéciaux, tu le sais ?". Elle me dit comme elle est triste. Mes enfants ne parleront plus jamais de Vincent qu'avec une immense affection et beaucoup de  tendresse, et une pointe de moquerie joyeuse, pour une de ses expressions favorite: " Oh, mais comme tu es méchant" ... Je sais qu'ils ont été très heureux, là-bas.

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14/04/2013

Vincent et moi 36.

Je remercie ton corps de m'avoir attendu

Il a fallu que je me perde pour arriver jusqu'à toi

Je remercie tes bras d'avoir pu m'atteindre

Il a fallu que je m'éloigne pour arriver jusqu'à toi

Je remercie tes mains d'avoir pu me supporter

Il a fallu que je brûle pour arriver jusqu'à toi

 

Oh ... je ne peux pas écouter Lhasa sans penser à toi. Vincent, il m'a fallu tout ces morts, pour arriver jusqu'à toi.  Et Lhasa qui s'en est allée aussi, avec sa beauté, son intensité.

Quand  Catherine est venue chez moi la première fois, mon frère avait 13 ans.  Et lui,  si innocent alors, qui se demandait pourquoi, cette fille plus agée -  elle avait 18 ans :) - lui faisait la bise.  Catherine, mon frère, Lhasa, aucun de ces trois là, n'a atteint quarante ans. 

j'ecoute Lhasa, je pense à toi, Vincent. J'écoute Van Gogh, de ce vieux Lény et c'est encore à toi que je pense. Je pense à toi,   à mon frère. Van Gogh, Van Gogh, mon frère ... t'es fou. On a mis tellement de temps à comprendre ce qui t'arrivait, petit frère.

Quand Catherine est morte, j'ai marchandé avec la vie pour qu'elle me donne quelque chose en échange, et c'est toi qu'elle m'a offert Vincent, et c'etait le plus beau des cadeaux. Mais pour mon frère, je n'ai rien eu, qu' une angoisse sourde et diffuse qui m'accompagne depuis. 

Je remercie ton corps de m'avoir attendu, Vincent

 

 

Parceque Vincent n'est pas Vincent

13/04/2013

Vincent et moi 35.

 Comme c'etait bon, la soupe à l'aïpim, dans ce petit restaurant dans la sierra. Il y avait le maire du village qui faisait un diaporama pour ses administré. Je me sentais au bout du monde. C'etait l'hiver en cette terre lointaine, il y avait un peu de brume et on se promenait main dans la main, avec Vincent, dans un village aux allures fantômatique que n'aurait pas renié Juan Rulfo. Le jour, c'etait autre chose, c'etait un petit bout d'europe,  des airs de village allemand, les gens venaient de loin  pour goûter à ce charme à mi chemin entre l'amérique latine et l'europe. L'hotel où nous sommes descendu ressemblait à un décor de conte, avec des escaliers drôles. Le ministre de la santé du pays de Vincent, préconise de baiser plus pour être en bonne santé.  Avec Vincent, ce jour là dans cet hôtel charmant , nous avons passé  beaucoup de temps pour nous mettre dans la meilleure des santés possible.

Avec Vincent, il y en a des tours et des détours, il y a la distance qui parfois essaie de s'installer, mais jamais n'y parvient. Nos mots se retrouvent toujours.2010, 2011, je suis allé 4 fois la voir. C'est peu et c'est beaucoup. A chaque fois que je la retrouve à l'aéroport, mon bras retrouve sa place autour de sa taille, et alors c'est comme si on s'etait quitté la veille. Quand on est loin, elle tombe parfois dans des abîmes de désolation, elle se fait des idées folles, on manque de se perdre, on se manque. Quand on est ensemble, On est mieux que bien. Nous nous mettons sous la protection d'une divinité locale. Il s'agit de prendre un bain, avec des sels spéciaux, qui t'assurent protection. On devrait faire ça dans une baignoire, mais on n'en a pas, alors on décide qu'une douche fera parfaitement l'affaire. Je me rappelle de Vincent nue contre moi sous la douche, sa peau avait le goût des sels divins.  Pourvu que cette déesse locale soit efficace. c'est juste ce qu'on veut et c'est sûr que ça devrait marcher.

En Septembre 2011, j'ai un super projet !

 

12/04/2013

Vincent et moi 34.

L'âge de Vincent, il n'y avait vraiment pas moyen. Elle ne voulait pas me le dire.  C'etait devenu une blague entre nous. J'essayerais de lui soutirer, elle déjouait tous les pièges.

Je montre une petite vidéo que j'ai fait, avec mon appareil-photo, à une copine. Elle me dit: Mais elle vingt-cinq. Enfin, Anne-cé, soyons sérieux, sa fille a treize ans, comment veux-tu.  Si je ne connais pas son  âge, je crois le connaitre quand même approximativement, à partir des détails qu'elle a distillé avec parcimonie. Par habitude, j'ai fini par considérer qu'elle avait sans doute deux ou trois ans de moins que moi, soit environ 45 ans, quand je suis arrivé la première fois. Mais quand je la vois, j'ai du mal à croire à ses 45 ans. L'âge de Vincent est un épais mystère.

Mais, un  jour, elle s'est enfin décidé.

 Je monte sa photo a mes potes. Ils me disent : " Bon dieu, elle est super jeune, tu sors avec des gamines, elle a quoi ? 30, 35 ans ?"  je les laisse deviner. mefiez vous des latinos, les gars ! L'un deux avance 42 ans, sans trop y croire, les autres se fixent autour de 35 ans, descendent eventuellement à 28 ans. Alors j'éclate de rire, et je les terrasse. Elle a 51 ans ! ahahah. Trois ans de plus que moi, voilà pourquoi elle ne voulait pas me le dire, mais c'est vrai qu'elle a l'air d'une gamine. Les copines qui ont son âge, font grise mine. Le sang indien est d'une traitrise sans nom.



11/04/2013

Vincent et moi 33.

Descendre du sapin n'etait pas facile. il parait que c'est pour celui qui reste que les choses sont les plus difficiles. Après toutes ces années, à s'écrire, à s'imaginer, à rêver de se voir, nous avons découvert que nous nous aimions profondément, que la réalité dépassait notre espérance et nous avons du commencer à réfléchir à comment faire avec ces milliers de kilomètres entre nous.

Ce qui est drôle, c'est la réaction des gens, quand tu leur dis que tu as noué une histoire amoureuse à des milliers de kilomètres. On pourrait dresser une typologie, mais la réaction la plus fréquente, c'est : " oh, moi je pourrais pas !". ça me fait rire. Je ne demande à personne de pouvoir à ma place ! ça change quoi pour moi que mon interlocuteur ne puisse pas, puisque c'est moi qui le vit. Parfois, les gens qui me disent ça, sont seuls depuis des années. Je suis un garçon délicat, alors je ne leur dit pas que c'est peut-etre parcequ'ils ne "peuvent pas" plus, qu'ils sont seuls. Il y a aussi, les gens qui mettent en doute la réalité de la chose. Pour eux, je suis célibataire, point final ou alors c'est hors de la réalité, comme un amour de vacance qui voudrait se prolonger, l'amour c'est se disputer pour savoir qui va descendre les poubelles, c'est bien connu. Finalement la réaction la plus belle que j'ai eu, celle qui m'a fait le plus de bien est celle d'une personne à qui je parlais un jour. Elle connaissait le pays de Vincent, et alors que je lui racontais un peu mon histoire,  anticipant la réaction habituelle, j'avais commencé à dire: "ce n'est pas si facile, mais ..."  Elle a eu un grand sourire et elle m'a dit: "Oh, mais ça doit être ton rayon de soleil !"

Et c'etait si bon d'entendre ça.

Mais qu'importe l'opinion des gens. Nous avions dit un an, mais en Juillet, 4 mois plus tard, j'etais de retour :)

10/04/2013

Vincent et moi 32.

Quand tu aimes, il faut partir. Je pensais à ces mots de Cendrars.

Vincent s'est approchée de moi, et m'a dit, avec douceur: " Tu ne voudrais pas rester?". Il y avait un sourire dans sa voix. Il me fallait rentrer et ce n'etait pas facile. J'avais fait le plein de cadeaux pour mes enfants, et c'est la seule chose qui me donnait envie de rentrer: les retrouver.

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Il me fallait laisser derrière moi, le rire de Vincent, sa douceur, la grâce naturelle avec laquelle elle traversait la vie. Il fallait laisser aussi ce pays que je commençais à aimer, le chant timide des petits indiens sur les marchés. Le dernier soir, nous sommes allés dans un restaurant en plein air. Dans l'odeur de la viande grillée si bonne  et la douceur du soir, je lui ai dit: nous allons continuer ?  je ne pourrai pas venir avant un an, tu sais ? Elle a rit encore: " Oui ! c'est fou, mais oui !" Les photo me rappellent, la robe qu'elle portait ce soir là. Et la façon dont elle me l'a dit, je ne l'ai pas oublié.

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Nous sommes rentré et nous avons baisé, comme si c'etait la dernière fois. Un an, ça allait être si long. Il n'empêche que ça n'a pas été facile à l'aéroport. Quand je suis arrivé en France, je lui ai juste écrit: "Vincent, je suis redescendu du sapin". 

 

09/04/2013

Vincent et moi 31.

Elle avait donc pris cet air mystérieux et rieur, en me disant: "je t'emmène quelque part."

Quand j'ai vu que nous etions en train d'entrer dans un motel, j'ai éclaté de rire. Les motels sont une institutions là-bas. Ils sont nés à la périphérie des villes pour cacher des amours illicites, je pense, mais c'est entré dans les moeurs de tel sorte que tout le monde va au motel.  On se donne les adresses, il y en a pour toutes les bourses ( si j'ose dire ). Certains sont relativement simples, d'autres ont une décoration kitschissime, et c'est aussi ce qui fait leur charme. D'une façon ou de l'autre, tu sais que tu es là, pour BAI-SER ! Alors si tu as des enfants à la maison et que tu as du mal à trouver un espace, si tu as fait une belle rencontre, mais que tu ne peux pas facilement accueillir, qu'importe ... les motels, c'est génial. Tu sais, que tu y es pour quelques heures, et que tu n'a qu'une chose à faire, tu ne sera dérangé par rien et tout est fait, pour t' accueillir au mieux pour cette noble tâche. 

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 Alors on pourra me répondre, qu'en France, on peut aller à l'hotel, mais ce n'est pas pensé pareil. L'idée du motel, est donc la discrétion, alors tu va en voiture jusqu'à un garage, tu fermes la porte du garage, et tu n'a plus qu'à monter - le coeur battant - un petit escalier, et tu découvres les lieux. Il y a  toujours la sacro-sainte glace au plafond, et en général, la déco n'est pas sans renvoyer à l'imagerie des bordels. c'est assez drôle. D'une certaine façon,  Il y a le parfum de l'interdit, de 

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la trangression, sans l'horreur de la prostitution. Le motel où m'emmenait Vincent etait relativement simple, mais déjà c'etait une débauche de glace et de couleur parme.  Avec Vincent, il faut dire "baiser", et alors, je peux dire qu'on a bien baisé, dans ce motel. Nous sommes sortis, rieurs et hagard, après deux ou trois heures hors du temps.  Quand je lui ai demandé si elle connaissait déjà ce motel, elle m'a dit:'mmmhhhhhh ... ' et elle a éclaté de rire.

Je me demande pourquoi cela n'existe pas en France. On en connaitra d'autres des motels. L'un d'eux sera proprement hallucinant, avec des statues grecques, des chutes d'eau, une piscine. Ce que j'aime aussi,ce sont les noms des motels qui me mettent en joie. Il y en a partout et je m'amuse à collectionner les noms.

05/04/2013

Vincent et moi 30.

J'ai amené avec moi, un livre que je voulais lire à Vincent. Mais n'allez pas imaginer... 

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Deux enfants dans un sapin, je l'ai lu à 7 ans. C'est un des livres qui a enchanté mon enfance. C'est mon entrée dans le monde merveilleux de la littérature. Il me faut lire à Vincent, l'histoire de la mère Coucou, de Barnabé le colporteur et du bon loup Frick, de la princesse Rosabelle  et du méchant lutin Patatrack. Il y a quelques années, j'ai cherché ce livre sur Internet. J'ai été surpris qu'il ait été écrit par la célèbre Enid Blyton et je l'ai racheté, anticipant la déception que j'aurais à le relire. j'ai découvert qu'Enid Blyton n'etait pas que l'auteur à succès des club des cinq et compagnie. c'etait egalement une merveilleuse conteuse. Des années après, j'ai retrouvé avec une immense émotion, le petit monde du sapin.  Je le lis à Vincent sur les berges du lac, qui vient lécher les pieds de sa ville. 

Deux enfants dans un sapin, c'est un peu ce que nous sommes. Nous sommes montés dans ce sapin, pour une parenthèse dans nos vies qui n'ont pas été si faciles depuis quelques années. Je suis à 10 000 km de chez moi, avec ce sentiment tenace d'irréalité. Avec Vincent,  drôle, inquiète et enfantine, dont je ne connais même pas l'âge.

Mais nous ne jouons pas qu'à des jeux d'enfants. Au retour d'une de ces lectures du bord du lac, elle prend un air mystérieux. "Je t'emmène quelque part". Il me faut un moment pour comprendre qu'elle m'emmène dans un de ces motels dont elle m'a souvent parlé.

04/04/2013

Vincent et moi 29.

Dans le petit matin de l'été austral, je regarde avec emotion la chevelure de Vincent, si belle qui emerge des draps. J'entend le sabot des chevaux qui passe dans la rue en claquant. Je ne sais pas bien encore ce que c'est que ces chevaux, mais le claquement de leurs sabots sur l'asphalte sera désormais associé à la ville de Vincent et toujours j'aimerai les entendre. La réalité qui se cache sous ce bruit champêtre est pourtant loin d'être drôle, mais je mettrai du temps à la découvrir. Les gens des immenses bidonvilles qui encerclent la ville, ramassent les ordures dans de petites carioles qui sillonnent les rues. Le soir, ils les ramènent dans les bidonvilles pour les trier. Ils vivent sur des tas d'ordures et le coeur s'emplit d'effroi et de tristesse, lorsqu'on passe à proximité.  Les chevaux sont généralement bien petits et frêles. 

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 C'etait doux de découvrir le corps de Vincent. Je la tenais nue dans mes bras, encore incrédule et fiévreux. Dire que ça commençait par un petit mail, lancé dans la jungle des blogs, des années plus tôt. Il n'a pas fallu longtemps pour que nos corps s'accordent. 

Quand à la nuit tombante, sa fille est arrivée, elle m'a gratifié d'un petit coucou de la main. Son sourire etait tout en fossette. Elle est si timide, qu'elle n'ose même pas me regarder. Nous n'avons pas de langue commune, mais j'ai bien vu qu'elle pouffait à la dérobée, quand j'essayais de parler leur langue. 

Vincent a les caractéristiques des gens de son pays. Une simplicité dans le contact, quelque chose  à la fois de lumineux, doux et indéfinissable. Il n'y a pas de vitre à briser tellement cette gentillesse est naturelle. Je sens que le temps va paraitre court

02/04/2013

Vincent et moi 28.

Mais, n'allez pas imaginer que Vincent m'avait accueilli à bras ouverts, lorsqu'elle a appris ma séparation. La bonne nouvelle c'est que nous avons aussitôt commencé à nous écrire, mais elle n'y croyait pas à cette séparation. Pour elle c'etait une passade, j'allais me réconcilier, elle connaissait la chanson. Oh, mais quelle fille tếtue. Et puis, ce n'etait pas moi qui etait à l'origine de la séparation, je ne me serais jamais séparée, elle le savait, donc, elle etait le 2eme choix, et elle ne voulait pas être le 2eme choix ! 5 mois ça a duré cette histoire ! 5 mois, à ne pas me répondre, ou je ne savais pas si on allait se voir ou pas, un pas en avant, un en arrière. c'est sûr qu'elle me les a bien fait payer, ces années à s'écrire, sans se voir. Alors même si le cours de nos mots avait repris, que je sentais qu'une petite lumière s'etait allumé dans sa tête, ça n'a pas été facile. Un jour de Novembre, excédé, je lui ai dit que je voulais la voir, que je voulais vivre quelque chose avec elle, mais que si elle ne voulait pas, qu'on s'en tienne à nos mails, mais que j'avais besoin d'une réponse. Alors elle a ouvert la porte et j'ai pris un billet d'avion, le mois de Février suivant.

01/04/2013

Vincent et moi 27.

Sur le chemin qui mène à l'aéroport, j'ouvre tout grand les yeux. Ce sont d'immenses boulevards, entourés d'immeubles. Ce serait moche, s'il n'y avait une chose que je vais adorer, que j'adorerai toujours dans cette ville, la végétation. La ville de Vincent est la ville aux millions d'arbres et aux essences infinies.Sa ville sera toujours pour moi, la ville végétale

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Quand nous sommes arrivés chez elle, dans l'appartement où elle venait juste d'emmenager, des ouvriers travaillaient pour installer une douche. Alors nous avons eu le temps, malgré la fatigue et cette impression de saleté qui me collait à la peau, dans la chaleur subtropicale,  pour parler enfin de vive voix, avec les expressions du visage, avec ces yeux d'indienne, qui me regardaient avec douceur.
Ce qui est incroyable, c'est que ça a été la même évidence dans la réalité que celle que nous avions dans les mail. Avec toutes les scènes de jalousie qu'elle m'avait fait, je craignais une personnalité compliquée, capricieuse,   et voilà qu'elle etait douce et adorable. Dans le monde virtuel, on perçoit certaines choses, mais il y a aussi des choses auxquelles jamais on n'aura jamais accès. Et la grande découverte, ça a été le rire de Vincent. Elle eclate de rire, pour un rien, elle rit sans cesse. On est dans une autre pièce, on l'entend rire et déjà on est heureux. Il n'y a rien qui pourrait empêcher Vincent de rire.

Et puis, les ouvriers sont partis, j'ai dit que je voulais prendre une douche. Quand je suis sorti, enfin propre, elle m'a dit doucement:" Alors je veux prendre une douche aussi", avec ce petit accent chantant, qu'elle avait, que j' avais déjà commencé à aimer. Je suis allé l'attendre sur son lit. Elle est arrivée, avec une serviette nouée autour de son corps. Et j'ai dénoué la serviette.

Et tout etait évident.


31/03/2013

Vincent et moi 26.

 Quand je suis sorti de la zone voyageur, j'ai cherché du regard, une jeune femme qui ressemblerait aux photos... Et soudain, une silhouette qui se détache, un cri de joie, des longs cheveux presque noir, elle a un tee-shirt noir, un jean, et ... bon dieu, qu'elle est jolie ! encore plus que sur les photos, et elle me saute dans les bras.

On est resté longtemps comme ça , sans oser y croire, enfouis dans le cou l'un de l'autre. On devait faire une jolie scène d'aéroport.Quand on s'écrit depuis tant d'années, sans savoir vraiment qui est l'autre, il y a une sorte d'intimité factice qui se crée. On ne sait pas si nos corps vont se reconnaitre, s'ils devront s'apprivoiser, si les choses seront simples ou pas, ou si l'on devra s'approcher doucement ou peut-etre ne pas le faire. Quand j'avais téléphoné à Vincent, quelques heures auparavent, je mesurais à quelle point, elle m'etait encore étrangère, malgré les milliers de mails, et maintenant je tenais mon étrangère dans les bras, et c'etait juste une évidence. 

Enfin, j'ai ramassé mon sac, et je lui ai pris la main pour aller au parking, et c'est seulement à ce moment que j'ai gouté ses lèvres, très légèrement. Il s'en etait passé du temps, depuis le 1er mail de Juin 2006.

30/03/2013

Vincent et moi 25.

Il s'en etait passé des choses  entre Juin 2009 à Février 2010, où je débarquais en Amérique latine. En Juillet la mère de mes enfants m' avait déclaré avoir rencontré quelqu'un d'autre. je n' avais pas été surpris, mais inquiet pour elle. L 'homme qu'elle me décrivait etait psychotique, et pour batir des chateaux en espagne, c'etait bien, mais le quotidien etait autre chose. Il m'a fallu me résoudre à voir se disloquer ma petite famille et c'etait ça qui etait horrible. Mais j'etais si épuisé que je l'ai laissée partir. Nous avons passé les vacances d'été ensemble, parceque nous le devions aux enfants, mais c'etait un truc affreux de partir tous ensemble en vacance, sachant qu'à la rentrée, on se séparerait.

Quand j'ai été vraiment sûr de son choix, j'ai écris à Vincent, qui ne m'écrivait plus, que j'avais déjà quasiment perdu, que je me séparais, et que je voulais savoir si cela changeait quelque chose pour elle. De son côté, la mère de mes enfants découvrait le monde des psychotiques, et commençait à comprendre le guêpier dans lequel elle s'etait fourrée. Mais quand elle a parlé de faire machine arrière, j'ai tenu bon. J'avais déjà écrit à Vincent, que cette fois j'etais libre, que je voulais la voir. Mais ça a été une des chose horribles de cet été là, de dire à quelqu'un dont j'avais pris soin pendant 20 ans, que nous devions tourner la page de notre histoire. J'avais toujours veillé sur elle, et je la voyais soudain, petite chose pathétique, perdue dans le quotidien, recroquevillé sur sa chaise et je lui disais que oui, c'etait fini. Mais elle avait fait le 1er pas. Il fallait finir le travail. Nous avons organisé la séparation, et c'est une des choses les plus tristes que j'ai eu à faire de ma vie. Mais la pensée de Vincent me soutenait.

29/03/2013

Vincent et moi 24.


Quand le voyage est trop long, on finit par n'être plus qu'un voyageur. On ne sait plus où on est, ni même vraiment qui on est.  Quand j'ai posé le pied sur le continent latino, j'ai été saisi par la moiteur des lieux. J'etais dans une immense mégalopole sud-américaine, à 10 000 km de chez moi, et je ne savais même pas qui j'allais voir. J'etais juste un français perdu dans un monde que je ne connais pas, mais j'avais les yeux grand ouverts. L'avion sur le dos duquel je lisais: aerolinas argentinas me semblait le comble de l'exotisme.

Je suis arrivé à l'aéroport de sa ville, après 24 heures de voyage, sale et fatigué, avec la peur d'être déçu et la peur de la décevoir, encore plus grande. J'avais pris soin de lui envoyer mes pires photos,. Les dernieres heures dans l'avion, ont été à la fois passionnantes  et horribles, entre impatience et inquiétude. Je regardais le paysage de ce monde inconnu qui se déroulait sous mes yeux. On longeait la côte atlantique, et là, en dessous, c'etait le lieu de mes lectures depuis tant d'années. 

Quand sa ville a enfin été annoncée, j'ai été submergé par l'émotion. Des années que nous nous écrivions et dans quelques minutes, nous serions ensemble. Voilà c'est la premiere image, de sa ville, vue de l'avion. Elle semble sans attrait, mais tout reste à découvrir

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Par chance, mon bagage est arrivé très vite sur le tapis roulant. Je l'ai pris vite, vite, et je suis sorti de la zone voyageur, le coeur battant. Quand je suis sorti de la zone voyageur, j'ai cherché du regard, une jeune femme qui ressemblerait aux photos... 

28/03/2013

Vincent et moi 23.

J'ai débarqué sur le continent latino-américain, le 14 Février 2010, jour de la St-Valentin. Ce n'etait pas calculé, car je n'en ai jamais rien eu à faire de la St-Valentin. A l'escale, j'ai manqué le dernier avion, qui devait me conduire dans la ville de Vincent, où elle m'attendait. ça a été toute une galère pour changer le billet, puis trouver un moyen de lui téléphoner, dans un pays dont je ne parlais pas la langue. Quand enfin, j'y suis parvenu, elle etait déjà à l'aéroport en train de m'attendre. Lui parler au téléphone a été un choc. Cela faisait presque 4 ans qu'on s'écrivait, je venais de traverser l'atlantique, de faire des milliers de kilomètres, et c'etait la 1ere fois que je lui parlais. Je suis tombé sur une petite voix inconnue, plaintive, déçue ...c'est là que je me suis rendu compte que j'allais voir une parfaite inconnue, que celle que j'allais rencontrer n'avait que peu à voir avec l'image que je m'etais forgé. Si ça se trouve, une semaine avec elle, serait fort long, nous n'allions même pas nous reconnaitre. j'etais déjà un peu déçu d'avance.

27/03/2013

Vincent et moi 22.

A la maison, on ne peut pas dire que ce soit très extraordinaire, non plus. "on" m'a donné un ultimatum, pour que je refasse la salle de bain, sans quoi "on" me quitterait ! Je n'ai pas vraiment mon mot à dire. Et ce boulot urgent et important pour moi,  dans ma vie professionnelle et que je dois finir avant l'été... n'est pas un argument ! Conscient que l'ultimatum n'a pas été prononcé pour rire, même si ça prête à rire, je m'exécute et passe deux week-end à bosser comme un fou dans la salle de bain. Drôle de façon de sauver son couple, mais on ne m'a pas laissé le choix des armes. Mes armes, c'est la ponceuse et le pinceau.  La vérité est que je suis epuisé et que les mots de Vincent, en ce mois de Juin 2009 commencent à me manquer horriblement. Et que je sais que je la perd à ce moment là.

26/03/2013

Vincent et moi 21.

En Mai, tout se détraque. Soudain la lassitude d'une situation qui n'évolue pas se fait sentir. Des scènes de jalousie, elle m'en a fait plus d'une, parfois ses mots me quittaient deux semaines, un mois, je m'etais habitué à la voir aller et venir, à m'écrire des choses folles, et puis les mots reprenaient. Alors dans ces periodes là, j'avais pris l'habitude d'attendre son retour. Mais là, soudain c'est différent. Elle m'a écrit juste un ou deux mails si tristes, si découragés. je sens qu'elle est décidée à tourner la page. Il y a trois ans que l'on s'ecrit et je la regarde s'eloigner avec une infinie tristesse. Durant tout le mois de Juin, elle ne m'écrit presque pas.
Je n'ai rien à lui offrir d'autre que mes mots. En trois ans, je me suis tellement attaché à sa personnalité et à ses mots. Chaque matin, je suis heureux de les découvrir. Mais je ne suis pas assez inconscient pour foutre en l'air ma petite famille, pour une inconnue à l'autre bout du monde, aussi douloureux que soit l'éloignement qu'elle nous impose. A ce moment, je comprends que je lui fais plus de mal que de bien, alors je regarde partir Vincent, le coeur serré.

24/03/2013

Vincent et moi 20.

Vraiment, l'année 2008 est à jeter. Mais il y a Vincent, douce et sensible quand elle n'est pas folle jalouse. Vincent qui supporte difficilement tout ça, qui me dit que le temps passe, et rien ne se passe. Fin 2008, cela fait 2 ans et demi qu'on s'écrit.
De son coté, Vincent n'est pas epargnée A la fin de l'année 2008, elle a appris la mort de son premier amour. Il etait gay. La dernière fois qu'elle l'avait vu, il y a longtemps, il etait déjà séropositif. J'essaye aussi de trouver les mots pour qu'elle encaisse cette tristesse.
Après une année 2008 aussi catastophique, on se dit que l'année 2009 ne pourra qu'être meilleure. Mais le diable a plus d'un tour dans son sac.
Les premiers mois de 2009, nous continuons nos long échanges. Il semble qu'on ne pourra jamais arrêter de s'écrire, tellement un mail en appelle un autre. Je suis allé à Paris, et je me suis rendu à l'endroit où elle a habité au tout début des années 2000. Je lui ramène des photos du lieu. J'essaye d'imaginer une jeune femme brune se promenant dans cette rue, avec une petite fille.

23/03/2013

Vincent et moi 19.

Mais disais-je, c'est une année horrible. Au printemps, on a detecté un cancer à mon père. Assez tôt, par chance. L'été se passe, mes parents sont inquiets pour mon petit frère. Avec la mère de mes enfants, je sens qu'un truc pas très clair se passe avec un de ses collègues, je m'en fiche un peu. D'une certaine façon, cela me déculpabilise de ma relation avec Vincent. Tout ceci n'est pas très reluisant, mais que faire.
Fin septembre, je reçois un coup de téléphone. c'est la même heure que pour C., la même voix blanche et ravagée qui m'avait annoncé sa mort.

Mon frère à 37 ans, a décidé que sa vie n'etait plus supportable. Il faudrait des pages pour raconter le calvaire qu'à été la vie de mon frère. Pour l'heure, il en a fini de ses souffrances intolérables
Il y a deux personnes a qui je dois absolument le dire, ce sont les seules qui peuvent me consoler un peu: Vincent dont je vais attendre la réponse pendant des heures à cause du décalage horaire et qui sait toujours trouver les mots, et ma belle V., qui vit avec cette putain de sclérose en plaque, qui connaissait et aimait mon frère. Elle trouvera aussi des mots très beaux pour parler de mon frère.

22/03/2013

Vincent et moi 18.

De 2005 à 2009 ont été des années horribles. S'il n'y avait eu le rayon de soleil de Vincent.
L'année 2008 a été une année particulièrement difficile. Avec Vincent, on s'écrit toujours. Il n'y a rien qui puisse faire que l'on arrête de s'écrire, et la tendresse est toujours présente, sauf quand cette folle tombe dans un puits de jalousie. Je ne sais pas qui est Vincent, si elle est cette folle jalouse ou cette amie, si particulière dont je ne peux me passer.

L'année a mal commencé pour nous. Quand je lui ai dit que j'emmenais ma petite famille en Grèce, elle a été furieuse, elle a cessé de m'écrire pendant près de deux mois. Je sais qu'elle souffre de la situation. Le temps passe et il n'y a pas d'issue. Je ne veux pas lui donner d'espoir. Je ne quitterai jamais la mère de mes enfants. Je ne veux pas détruire ma petite famille, quoi qu'il m'en coûte.

En Grèce, ça s'est très mal passé. J'adore la Grèce, j'avais passé beaucoup de temps à organiser ce voyage. Nous etions dans un endroit merveilleux et je n'ai eu que des reproches. C'est malheureusement un peu toujours comme ça. J'en fais un maximum, ce n'est jamais assez, je me heurte toujours à une insatisfaction constitutive ... Elle a ses raisons, ses excuses. c'est pourquoi je tiens bon. Au retour de Grèce, elle parle de me quitter. J'ai mes enfants, je vis pour qu'ils soient bien. Je dis: c'est toi qui vois. Bien sûr, je pense à Vincent ... mais je ne dis rien. Je dis juste à Vincent, avec qui la correspondance à repris, que ce n'etait pas si bien que ça en Grèce. Avec elle, les mots reprennent toujours.

21/03/2013

Vincent et moi 17.

Un jour elle a évoqué la possibilité qu'elle vienne un jour à Paris, si on pourrait se voir, ce qu'on ferait. Je n'ai pas su quoi lui répondre, que lui promettre. Je n'aime pas la duplicité, même si mes mots s'inscrivent déjà dans une duplicité evidente. Mais après, la comédie du mec marié, qui invente de gros mensonges, pour aller roucouler avec une beauté latino, pendant quelques instants volés, ne me plait guère. Alors je n'ai pas su quoi lui répondre, et elle en a été meurtrie. Elle croit comprendre que notre histoire n'est qu'un rêve et je ne sais quoi lui dire, parceque d'un certain sens, c'est vrai ...

Alors par instant, elle s'éloigne. Elle disparait de ma boite mail, pendant un moment. 15 jours, 3 semaine, 1 mois. ça me désespère, parceque j'ai besoin de ses mots. Et puis elle revient, et les mots reprennent, et avec ses mots, une forme de bonheur.

Mais les crises de jalousies, en relation avec mon blog deviennent si pénibles , qu'un jour je comprend que je dois choisir entre le blog et Vincent. Je choisis Vincent. Ce n'est pas de gaité de coeur que je laisse tomber ce blog qui m'a tant apporté, mais ça fait 1 an et demi qu'on s'écrit, je ne peux pas la laisser partir. Je trouve une autre façon d'être proche d'elle, en commençant un blog de photo. Désormais, je posterai des photos tous les jours, des endroits que je visite, des choses que je vois et les commentaires que l'on en fait deviendra un de nos modes de communication favoris.

20/03/2013

Vincent et moi 16.

ça fait maintenant 1 an qu'on s'écrit avec Vincent. Notre correspondance ne faiblit pas. On continue à s'écrire sur tout, sur nos livres préférés, sur nos vies, on s'empare d'un sujet, on le lâche on le reprend. Rien ne vient jamais tarir le flot de nos mots. Sauf une chose...
Vincent est jalouse.
Elle a grandi dans un pays corseté par la dictature et a trouvé un espace de liberté dans les milieux alternatifs, composé d'artistes, de peintres, d'écrivains, de gens de théatre, qui revendiquaient une grande liberté sexuelle. Et curieusement, cette liberté sexuelle qu'ils ont vécu et partagé a produit un effet inverse de celui qu'ils escomptaient, à savoir que dans bien des cas, ils sont devenu extrèmement jaloux.

Donc Vincent est jalouse. Elle jalouse les femmes qui viennent laisser des commentaires sur mon blog. Et elle ne supporte pas quand je disparais le week-end, et que je ne peux pas lui écrire.
Elle m'écrit le désir, mais me dit qu'elle ne supporte pas le désir qu'elle éprouve pour moi. A l'insouciance du début, et le bonheur de la découverte, se mêle donc des choses douloureuses.

19/03/2013

Vincent et moi 15.

Avec Vincent, il faut dire " baiser ". Pour elle, " faire l'amour "  est juste ridicule. Elle ne comprend pas non plus que l'on puisse dire ami, pour une relation amoureuse et pour une relation amicale. Et puis, le même mot pour un autre avec qui tu peux baiser 3 fois par semaine mais qui le soir ne te fais pas fermer les yeux avant de dormir et sourire juste au souvenir de son prénom! Je ne sais pas comment la langue française peut faire ça!!!! On confond tout!! Et puis, le verbe "aimer"!!!! On aime le chocolat, comment cela est-t-il possible!!!!


Alors avec Vincent, je n'emploierai plus jamais que le mot "baiser". Ce dont elle me parle, à moi, pauvre français à des milliers de kilomètres, c'est de sentiments et de désirs. Je ne sais pas ce qu'elle fait de son corps, quand elle rencontre des hommes qui l'attirent physiquement et cela ne me regarde pas. Un jour, longtemps après, je finirai pas avoir l'intégralité de son CV amoureux ( sauf ceux dont elle a même oublié le nom !) et je serai assez impressionné de sa prodigalité.


Alors, je sais qu'avec Vincent, l'amour n'est pas que platonique. Elle me dit aussi qu'elle se caresse en pensant à moi, sans fausse pudeur.

15/03/2013

Vincent et moi 14.

Quand on noue une relation à des milliers de kilomètres de distance, on peut légitimement se demander, si notre correspondante n'est pas en recherche d'une relation d'ordre platonique, ou si du moins, elle n'est pas plus interessée par une relation d'ordre intellectuel ou fantasmatique, que physique.
Avec Vincent, nous parlons de tout. Alors evidemment un jour, le sujet du sexe  vient sur le tapis. Vincent me déroule une nomenclature impressionnante des relations sexuelles et amoureuses dans son pays. On la croirait en expédition ethnographique, et c'est toujours ecrit dans son style inimitable. Elle me décline plusieurs variantes latino des sexfriends, assez drôles, et qu'elle a visiblement toutes expérimentée. Elle me fournit tout le lexique des relations amoureuses dans son pays. Elle est loin d'être prude, et un jour elle me confie qu'elle ne connait rien de meilleur pour la santé
qu'une bonne baise. Elle dit: Il y a des hommes qui m'attirent physiquement, par exemple. Alors, tout est facile. Je suis libre, s'ils le sont aussi, on fait ce que l'on a envie et les choses prennent une route ou pas selon les affinités que l'on partage.

12/03/2013

Vincent et moi 13.


Quand je commence à lire la lettre de V., il y a un truc qui se fissure à l'intérieur de moi. Ma V., si belle, m'apprend qu'elle a une sclérose en plaque, sa lettre est horriblement douloureuse. Après la mort de C. à 38 ans l'année précédente, voilà qu'un dieu cruel et vengeur a décidé de s'attaquer à la seconde personne de mes 20 ans, que j'aimais le plus.
J'envoie un mail désespéré à Vincent. C'est elle qui a eu les mots pour m'apaiser un peu. C'est aussi, elle, avec sa présence, son amitié lumineuse et sa tendresse quotidienne qui m'ont permis de croire que la vie ne faisait pas que reprendre, mais qu'elle continuait à donner aussi. A partir de là, je l'ai aimée de plus en plus.
Et pourtant, nous sommes à des milliers de kilomètres, et nous ne faisons qu'imaginer l'autre. Elle m'écrit:
Je te disais que je ne voulais pas que tu m'imagines mieux que je suis... et c'est vrai...c'est un sentiment drôle...peut-être nous ne nous verrons jamais, je n'aime pas penser à ça, mais c'est très possible. Mais c'est possible aussi qu'un jour on se rencontre...