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16/04/2013

Vincent et moi 38.

Quand tu es français, pour peu que tu aies de quoi payer ton billet d'avion, c'est plutôt simple d'aller dans le pays de Vincent. On ne te demande pas de justifier de quoi que ce soit. Pour l' adresse où tu va loger,  sur ta déclaration de douane, tu indiquera juste une adresse e-mail. c'est dire comme on te simplifie la vie. Tu mettrais "Plage de Copacabana" que ça serait pareil. On a besoin des touristes, on fait en sorte de ne pas les gêner

Par contre, si tu viens du pays de Vincent, il te faut oublier toute notion de symétrie. Une femme de son pays,  doit répondre au soupçon qu'elle n'est, ni une prostituée,  ni une narcotrafiquante, ni même une future clandestine. Dans les derniers feux de la Sarkozie, on déteste ce qui est étranger jusqu'à l'hystérie, à moins que l'étranger soit émir du Quatar, auxquel cas des aménagements sont possibles.

Ce n'etait pas gagné, mais Vincent a eu un congé sans solde pour venir quinze jours, alors ça a été la joie, parceque l'argent du voyage, elle l'avait. Mais après, on a commencé à déchanter. Pour venir, il lui fallait une attestation d'accueil de ma part, faite en mairie - produire un nombre de pièces invraissembables, feuille de paye, impôts, identité, trente euros de timbre fiscal, revenez dans une semaine - mais ça c'etait bien  le plus simple. Il lui fallait aussi une somme journalière en liquide très conséquente, pour quelqu'un qui serait nourrie-logée, une assurance à hauteur de 20 000 euros. Tout ça, ça allait encore. Mais le plus compliqué, c'etait qu'il fallait aussi une carte de retrait international, que la banque lui refusait, en raison de son petit salaire. On a bien galéré avec tout ça. A un moment, on a bien pensé que c'etait fichu, jamais elle ne pourrait venir chez moi, le rêve que j'avais nourri de l'accueillir, de lui faire connaitre mon chez-moi, ma ville, ma région, comme elle-même avait fait pour moi, ça s'écroulait. Citoyens du monde, allez vous rhabiller ! ça va quand t'es riche, ces histoires là.

Et puis, finalement ça s'est ouvert. Ses parents sont plutot fortunés, elle a pu obtenir une carte de retrait sur le compte, et on a commencé à faire des projets. Vincent rêvait de Paris, on a loué un petit appartement à Paris, et puis quelque jours chez moi, et ensuite sur un lieu de vacances dans ma région que j'aime tant, et déjà il faudrait penser à repartir. Les douze jours seraient vite passés, mais c'etait le bonheur de l'attendre.

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